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La solitude (petite introspection!)

Xela Richardier

J'aimerai vous faire part de cette petite vidéo d'animation réalisée par une équipe de l'école d'art ESMA qui a particulièrement retenue mon attention.


Déjà c'est graphiquement beau. La texture peinture est bien maitrisée, les couleurs douces et mélancoliques à la fois.

De base, une loutre c'est super mignon, mais là...tu es obligé de craquer!


Et le thème abordé...La solitude!

Si joliment décrit.


J'ai pleuré en regardant cette vidéo car elle me parle particulièrement.


Je vous laisse d'abord la regarder avant de vous parler en détail de ce qui m'a touché.





I- Mon enfance:


La solitude, ce n'est pas spécialement une souffrance!


J'ai eu une enfance particulière et très solitaire.

Enfant unique et enchaînant déménagements sur déménagements, je n'avais pas le temps d'avoir vraiment des attaches. Les copains allaient et partaient à une vitesse qu'il était compliqué pour moi de lier des liens réels. Ou en tout cas, ils étaient éphémères et la rupture était souvent douloureuse bien qu'inévitable.

Et puis il y a eu les nombreuses années où j'ai vécu dans une montagne, en faisant des cours par correspondance, éloignée donc de toute sociabilité.


En tant qu'enfant, on s'habitue à cela, ce mode de vie pour moi était normal.

On ne souffre pas spécialement de ce qu'on ne connaît pas.


Cette solitude m'a même permis de développer un univers créatif très riche.

Au final, j'inventais ce que je n'avais pas.

A l'image de cette petite loutre qui s'imagine des copains dans une famille de cailloux.


Quand je revois mes vieux dessins de l'époque, je suppose que j'inventais des camarades de classes que je n'avais pas, un frère ou une sœur que je n'avais pas, des mondes qui n'existaient que dans ma tête. Et c'était cool!


Je me dessinais en tant que maitresse d'école fabriquant le planning de sa semaine, médecin faisant des ordonnances de médicaments imaginaires, naturaliste inventant des plantes, créatrice de jeu vidéo, cartographe de mondes venus d'ailleurs, exploratrice combattant des monstres mangeurs d'homme, linguiste et sociologue étudiant les langues et les coutumes de peuples étranges, détective résolvant des enquêtes improbables, ou alors Reine de la planète Neptune!


Tous les "dessins" que je vous montre là sont des archives des trucs que je faisais quand je vivais dans ma petite montagne, je n'ai pas la date exacte, mais j'avais donc entre 11 et 13 ans.

Organisation d'un internat pour filles et planning des cours...





Créations de territoires imaginaires, cartographie...



Naturaliste avant l'heure. Sauriez vous reconnaitre les vrais Aricus des faux Aricus? Le faux Aricus a une fente en forme de Y sur sa feuille. Oui oui oui!

On remarquera que j'étais très bordélique dans mes dessins. cette analyse des différentes espèces d'Aricus se retrouve mélangée à des dessins de princesses...

Mes dessins n'étaient à la base pas fait pour être montrés. Peu importe si c'était beau. C'était souvent des gribouillages au stylo bic. Ce n'était important que pour moi.



Exemple typique d'histoires que je dessinais. Sans cases, sans bulles.

Moi seule pouvais comprendre l'histoire et je prenais plaisir à les "relire" régulièrement.



Contre-exemple ici, j'avais écris des bulles!! C'était quand même très exceptionnel! Je dessinais pas mal d'histoires en Egypte antique à cette époque avec mon engouement pour le jeu de city-builder Pharaon!


Alors là, quand je suis retombée dessus, ça m'a fait beaucoup rire! Il y avait bien des bulles mais...d'une langue totalement inventée.

Je ne sais pas si c'était la même langue mais j'ai trouvé aussi le dictionnaire qui va avec:


Oui, j'inventais beaucoup beaucoup de langues...ce n'était pas le seul "dictionnaire" que j'ai trouvé dans mes énormes piles de dessins...




Quand je ne dessinais pas mes histoires, je les jouais.


Déjà à l'école en primaire, j'étais le MJ incontesté de tous les jeux de rôle à la récré!

Mais je les jouais aussi quand j'étais seule. J'incarnais mes personnages. Je vivais leurs émotions. Je vivais leurs histoires intensément! Pas étonnant que le jeu de rôle Grandeur Nature m'ait intéressé sur le tard. ^^

Cette pulsion créative, c'était une vraie passion! J'en ai des frissons tellement que cela me faisait vibrer!

J'étais excitée à l'idée de créer une nouvelle histoire, de la dessiner, puis impatiente de la continuer le lendemain, avide de jouer ce dialogue entre mes protagonistes.


Au milieu des buis et des genêts de ma montagne provençale, le vent sifflant dans mes oreilles, les nuages gris menaçant au loin, je voyais alors débarquer des vaisseaux spatiaux. Ceux du méchant empereur de Jupiter venant enlever la reine de Neptune! Bien évidemment, un valeureux prince voulait me sauver...mais la reine Neptune savait très bien se défendre elle même! ;-)












II- Le choc des civilisations:


A l'adolescence, en plein milieu de ma quatorzaine, on a quitté ce mode de vie marginal.

J'ai quitté ma montagne pour aller sur Lyon, la grande ville, et débarquer dans un collège, en plein milieu d'année scolaire, après tant d'années de cours par correspondance.


C'était un peu un choc des cultures, un choc des civilisations.

Voilà que débarque une gamine mal fringuée, vivant dans son monde imaginaire, n'ayant jamais eu ou ressenti une once de sentiment amoureux pour personne (ou alors seulement pour Atreyu de l'histoire sans Fin ^^"), ayant toujours des bonnes notes, qui prenait plaisir à lire le dictionnaire ou feuilleter des Atlas pendant des heures et qui ne connaissait même pas le Nutella...

Voilà que débarque cette gamine bien ringarde au milieu d'adolescent plus préoccupés par leur image dans la société qu'autre chose.




Malgré tout, j'avais soif de comprendre les relations sociales ( ça alors, les filles se font la bises entre elles et les garçons se serrent la main! Quelle étrange culture!)


Curieuse de nature, je mettais ma casquette d'exploratrice sociologue!

Habituée par mes précédents déménagements à devoir m'intégrer rapidement dans un nouveau milieu, j'apprenais au fur et mesure ces nouveautés locales. (Ah tiens Pelo ça veut dire "mec"? "Il reste une gâche?"...Ouais en plus faut apprendre le parler-lyonnais!!)




La vie en ville me plaisait bien aussi finalement, impressionnées joyeusement par les lumières de Lyon!


J'ai réussi à garder mon monde imaginaire encore 2 ans, jusqu'à mes 16/17 ans.

Mais l'année de Terminale (Scientifique en plus!), la préparation du BAC...tout cela me prenait déjà beaucoup de mon temps et de l'espace dans mon cerveau!


Le reste de mon énergie, je l'ai alloué à m'intégrer à ce monde social, aux autres gens, aux premiers amours. Le lycéen, cette espèce si particulière. Il fallait à tout prix que je devienne comme eux.


Hé mais en fait, je SUIS comme eux moi aussi.


A l'image de la loutre du film d'animation, j'ai quitté mes cailloux pour rejoindre mes semblables.


J'ai quitté mon monde imaginaire pour m'intégrer et devenir un être sociable en harmonie avec le monde réel. Non sans difficulté certes. Mais cette intégration a réussi avec le temps.


Le film d'animation ne raconte pas comment s'est passé l'intégration de cette petite loutre auprès de ces semblables.


Moi je vais vous la raconter.


III- La vie du monde réel:


Cette intégration était bien évidemment salutaire et importante. Pour réussir dans la vie, entretenir des relations humaines c'est important!

Pour grandir et évoluer!

Pour faire face à la vraie vie, surmonter les coups durs!

La gamine que j'étais a pu devenir une femme!


ou un magnifique dracaufeu...


Mais je pense que j'ai essayé de m'intégrer à l'extrême.

Pour moi toute personne était admirable et intéressante à sa manière! Il fallait vraiment que je me fasse aimer de tout le monde et que je m'intègre dans tous les groupes.


Bien évidement, ce n'était pas la bonne approche, ni quelque chose de vraiment réalisable!

Etant hypersensible, j'ai souffert de certains rejets qui, avec le recul, n'étaient clairement pas importants!


Dans cette vie du monde réel, il y a des hauts, des bas. J'ai pris conscience avec effroi que tant de choses ne pouvaient pas être "maitrisables". Je ne pouvais pas contrôler tout. Je ne peux parfois pas empêcher que des "hauts" deviennent sans le vouloir des "bas". C'est la vie.

Mais pour moi, c'est quelque chose d'assez angoissant et que j'ai encore du mal à encaisser.


Parfois, quand je vis un moment difficile, je regardais avec nostalgie ces périodes d'insouciance solitaire dans mon enfance où je me sentais tranquille.

Oh oui, je regrettai cette excitation et cet engouement, cette énergie que j'avais pour créer et imaginer!

Car cette chose qui me procurait un vrai bonheur, je l'avais perdu.


J'étais en manque, il y avait un sorte de vide en moi. Quand j'essayais de tenir un crayon pour dessiner quelque chose, j'avais l'impression le dessin avait perdu de son âme!

C'était un dessin sans saveur, sans valeur, bon à jeter. Il était pourtant bien celui là. Tout coloré avec de l'aquarelle, un truc bien fini et montrable à d'autres mais pour moi, il ne valait pas grand chose.


Ce qui m'intéresse dans un dessin, c'est son histoire!

Un dessin doit raconter quelque chose! Et ce que je dessinais ne racontait plus rien à mes yeux.

Cela me manquait.

Plus je vivais des moments un peu difficiles dans la vraie vie, plus mon monde imaginaire, mon refuge, me manquait.


Alors je suis retournée voir mes cailloux.

Je les ai regardés avec amour et je me suis assis à côté d'eux.




IV- Le retour à la création:


Aujourd'hui, avec un peu d'aide (notamment une séance d'hypnose qui à l'air d'avoir bien fonctionné!), j'ai retrouvé ma passion créatrice!!


Mes envies de recréer des mondes imaginaires. D'inventer des créatures animales, végétales, de cartographier des pays et inventer des langues et des personnages complexes que je prend plaisir à "jouer" dans ma tête, à ressentir leurs émotions face à telle ou telle situation que j'ai inventé. Tout cela est revenu!

J'ai donc pu créer le monde de ma BD "Amalgames".



J'ai même réalisé récemment que c'était une vrai thérapie:

Le monde réel est parfois difficile à supporter surtout quand on est du genre à avoir du mal à lâcher prise.


Dans mon monde imaginaire, je contrôle tout. Le destin de mes personnages sont entre mes mains. Je donne un sens à la vie. Je donne un sens aux malheurs, à l'aventure. Je donne une sens là où je ne peux pas en donner ailleurs.

Ce monde refuge est bénéfique.


Malgré tout, je n'ai pas totalement reperdu ma capacité à sociabiliser.

Je suis aujourd'hui bien plus équilibrée, plus mature sur bien des points.


J'ai pu trouver un équilibre entre le monde réel et le monde imaginaire même si parfois ce n'est pas évident.

Et même si mon monde réel est peuplé de trucs relous à faire (administratifs, finances, réseaux sociaux), je sais que ma bulle créatrice n'est pas loin et que, quand j'en ressens le besoin, je peux y entrer à nouveau assez facilement!







Qu'il suffit que je me déconnecte un peu pour qu'elle m'enveloppe à nouveau de ses fantaisies.















L'univers de ma BD Amalgames est un univers complet et riche. Je replonge toujours dedans avec plaisir maintenant!



Aujourd'hui je peux à nouveau:

Faire les plans des chaque étages d'une tour dans la BD




Inventer un calendrier propre à mon univers












Imaginer des créatures,

monstres...











Fabriquer la carte de ce monde, écrire les particularité de chaque états, leurs politiques, leurs cultures, leur mythologie, croyances...


Et bien sûr raconter une histoire avec des personnages qui évolueront...

Cette fois-ci avec des vraies cases!


Et des vraies bulles!!



Ah ça fait du bien!



2 Comments


Arnauld PIERRE
Arnauld PIERRE
Dec 19, 2021

Bouvland... Je veux en savoir plus 😁

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Xela Richardier
Xela Richardier
Dec 19, 2021
Replying to

Haha, j'avais quand même pas de goût pour le noms à l'époque!

Sinon, j'ai aussi retrouvé une carte où j'expliquais les batailles et territoires que les espagnols, anglais et esquimaux convoitaient (les esquimaux ces grands colonisateurs! mdr)

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